Depuis les années 80, on assiste au renouvellement de la vielle à roue, qui existe en version électro-acoustique, c'est-à-dire équipée de micros, et pour certaines, de systèmes de traitement de son. L’instrument est aujourd’hui utilisé, même s’il reste rare, dans tous les styles musicaux, y compris les musiques actuelles et contemporaines, les musiques du monde, le jazz et la variété.
La richesse de la vielle à roue réside dans sa très large palette sonore acoustique (mélodique, rythmique, modale). Elle devient quasi infinie si on y adjoint les technologies contemporaines de recherche et de traitement de son.
Nous sommes quelques-uns de cette nouvelle génération de viellistes à s’intéresser à la recherche sonore et électroacoustique avec cet instrument, dans des directions variées et complémentaires.
L’exercice du solo permet d’explorer de façon approfondie les possibilités de l’instrument, mais aussi ses envies musicales personnelles avec lui.
Mon premier solo « En Partance » (festival de Parthenay en 2001) était déjà riche de croisements entre recherche sonore et écriture thématique, inspirée des musiques traditionnelles d’Occitanie, d’Orient et d’autres musiques modales.
Dans « Un Grain de Quartz » (2005), l’esthétique électro s’est faite plus présente avec notamment des pièces écrites pour danseurs hip-hop et des « poèmes musicaux » où textes, mélodies et rythmiques se mêlent étroitement.
Dans ces solos l’improvisation a pris de plus en plus de place, me permettant de partager avec le public la richesse des sonorités de la vielle électroacoustique. Et petit à petit, l’envie d’interpréter des pièces de musiques contemporaines écrites, qui exploiteraient toutes ces recherches de timbres et de modes de jeu novateurs, s’est imposée. Le passage par des pièces contemporaines écrites par des compositeurs non viellistes amène l’instrumentiste plus loin dans l’exploration de son instrument ; souvent le compositeur a d’autres références avec les instruments pour lesquels il a déjà écrit, et recherche donc des analogies, qu’il faut découvrir, transposer sur la vielle. De plus, cela nous oblige à acquérir une maîtrise technique rigoureuse pour reproduire avec le plus de fidélité possible, et ce à chaque interprétation, l’intention du compositeur.
Cette nouvelle expérience de commandes de pièces contemporaines à Pascale Jakubowski, Christophe Havel, Jean-Michel Bossini, Xavier Garcia et Pierre-Alain Jaffrennou pour le solo Hurdy Gurdy # Myst m’a donc permis de continuer mon exploration sonore de l’instrument, et de structurer l’ensemble des possibilités de modes de jeu que j’utilisais déjà ou que j’ai découvert à cette occasion. Le dialogue entre instrument, composition acousmatique et création vidéo place la vielle électroacoustique dans un espace sonore et visuel résolument contemporain.